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Le Petit Luberon offre plusieurs exemples d’interactions entre géologie et activités humaines.
• Les cultures provençales traditionnelles sont implantées sur les terrains meubles favorables à la pénétration des racines dans des sols peu évolués.
- Le
cône d’éboulis formé au débouché de la gorge de Régalon est propice à la
culture des oliviers : les matières fines et argileuses permettent de retenir l’eau lors des pluies tandis que les
cailloutis et le pendage général sont propices à un bon drainage du sol.
- Les
sables argileux bien drainés affleurent à la
ferme des Mayorques dédiée au
pâturage par des herbivores rustiques (ovins et caprins). Près de cette ferme de
vieux amandiers témoignent d’une activité locale abandonnée quand les confiseurs ont eu recours à une importation massive de fruits secs. Depuis les années 2000, les agriculteurs ont été encouragés à replanter les variétés locales d’amandiers reconnues pour leurs qualités gustatives par les consommateurs et les nougatiers. Dans le secteur de la Font de l’Orme et de la
crau de Saint-Phalez s’observent des
couches épaisses de sables avec des
intercalations de bancs de
biocalcarénite. Outre les pâturages et les plantations d’oliviers, les promeneurs remarqueront à proximité du parking de la Font de l’Orme, les essais de
plantations d’essences forestières (pins, cèdres, fruitiers...) réalisés par l’Office National des Forêts.
• L’engouement pour les randonnées pédestre, cycliste, hippique donne lieu à une activité touristique importante. Ces pratiques s’accompagnent ddu développement d’un habitat dispersé résidentiel, de l’ouverture de chambres d’hôtes et elles nécessitent un
balisage et un débroussaillement des sentiers de grande randonnée (GR 6, GR 97), des itinéraires de petite
randonnée ainsi que des pistes de VTT.
Jusqu’en 2009, les comptages ont révélé une fréquentation moyenne de plus de 60 000 randonneurs par an avec des pics à plus de 80 000 visiteurs. Une prévention par des panneaux fait mention du nécessaire respect des limites des propriétés privées et indique les risques d’incendie, de crues soudaines ou d’
éboulement. De tels événements ont interdit l’accès à la gorge de Régalon pendant plusieurs années (fermeture en janvier 2009 et réouverture au public en 2011, puis une nouvelle fermeture d’avril 2014 à septembre 2015 pour des travaux de purge et de stabilisation de versants après un nouvel éboulement important).
La sur-fréquentation du site est responsable du polissage du rocher devenu glissant, du piétinement des sols et d’un risque de dégradation générale du site :
- Des
barrières ont été installées à l’entrée des grottes pour alerter sur la fragilité des
sédiments accumulés. Ces témoins d’une étape de l’histoire de la Méditerranée (
mer pliocène) représentent un des sites de la Réserve Naturelle Géologique du Luberon.
- - Alors que les hauteurs du petit Luberon hébergent une
végétation xérophile (garrigue à brachypode rameux, ciste blanc, romarin, genévrier oxycèdre), le canyon de Régalon abrite une flore bien différente de celle du
plateau : ce lieu humide est occupé par une
végétation exubérante, les arbres et les arbustes en quête de lumière y atteignent des hauteurs exceptionnelles (des buis atteignent 10 mètres de haut), des
lierres avec des circonférences impressionnantes sont plaqués contre la paroi calcaire, des fougères (
Capillaire, Adiantum capillus-veneris) de nombreuses
lianes se développent dans cette étroite bande de milieu forestier, rare en Provence.
- La prévention des
feux de forêt nécessite le maintien des aires de pâturages (panneaux à la
ferme des Mayorques) avec l’aide du parc naturel régional du Luberon (PNRL). L’office national des forêts (ONF) assure l’entretien des
pistes forestières, l’implantation de
citernes enterrées sur des aires susceptibles d’accueillir des équipes héliportées. Le
cèdre a été introduit comme essence de reboisement dans le Luberon, vers 1861 : les graines plantées par les forestiers et les habitants sont à l’origine de la forêt de cèdres la
Font de l'Orme et de celle de Bonnieux-Lacoste située plus à l’est. Des graines issues de cette cédraie, transportées par des animaux ont probablement permis à quelques
cèdres de conquérir les territoires des Craus.
- Les parois rocheuses qui dominent le site de Régalon abritent une
avifaune remarquable avec la présence de Circaète Jean-le-Blanc, Vautour percnoptère, Aigle royal, Aigle de Bonelli, Hibou Grand-duc, Merle bleu.
Toutes ces observations de terrain justifient les
mesures de protection du patrimoine naturel en mettant en œuvre depuis les années 1980 de différentes mesures de classement qui ont été recensées dans la fiche d’inventaire géologique (= PAC 0708) : elles consistent en plusieurs ZNIEFF terrestres, réserve naturelle,
réserve biologique, zones de protection spéciales (directive « oiseaux » et directive « habitat »)