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Présentation
— Bien que située sur les communes de Gigondas et de Beaumes de Venise, la station thermale dite de Montmirail ou Source verte, était accessible depuis Vacqueyras, et son nom reste lié à cette commune. La source sulfureuse a été découverte en 1744, mais c'est au XIXème siècle qu'elle est vraiment exploitée, après son rachat par les frères Bourbousson en 1842. Ils obtiendront en 1859 l'autorisation d'exploiter aussi l'eau verte à usage médical. C'est cette dernière qui fait le succès de la petite station thermale, elle est même décrite comme « unique en France » par le chimiste Henry Ossiau, dans son rapport de 1856. Le dictionnaire général des eaux minérales et d'hydrologie médicale, de 1860 reprend cette idée en rapprochant cette eau de celles de la Souabe, « elle provient du lessivage, par les infiltrations supérieures, de plâtres alternant avec des marnes tertiaires (Miocène) qui composent la chaîne alpine sur la berge gauche du Rhône... ». « Le calcaire ancien contient du carbonate de magnésie et du sulfate de chaux ; par double décomposition, on a ainsi du sulfate de magnésie. » (Traité de H.Ossiau). Le passage des eaux dans les terrains du Trias lié au diapirisme important dans le massif à permis le chargement en éléments minéralogiques que connait l’exploitation thermale.

Le dictionnaire mentionne «  deux sources très voisines, l'une sulfatée magnésique et sodique, tempér., 16,5° ; l'autre sulfurée calcique, tempér., 16°. Cette dernière, désignée sous le nom d'eau verte, en raison de sa teinte légèrement verdâtre... se rapproche beaucoup de celles de Sedlilz, d'Epsorn et de Seidchut... sans avoir la saveur désagréable de la première... ». L'autre source, l'eau sulfureuse, employée dans le traitement des maladies de peau, est ainsi définie par le Traité général pratique des eaux minérales de la France et de l'étranger : «  la source (Gigondas) est froide (16°), limpide, d'une odeur d'oeufs couvis, d'une saveur nauséabonde et salée. » Traduire, oeufs pourris, odeur bien caractéristique de l'hydrogène sulfuré. « L'eau verte de Montmirail passe facilement et purge très bien et à des degrés variés, suivant les doses ingérées. On l'emploie avec succès dans les états gastriques soit muqueux, soit bilieux, contre les constipations opiniâtres, les engorgements abdominaux en général, et les maladies du foie. » (Guide pratique des eaux minérales de la France et de l'étranger). Le traitement combine l'eau purgative à l'eau sulfureuse, « utilisée dans les affections de la peau, le catarrhe pulmonaire et la dsyménorrhée. » (Dictionnaire général des eaux minérales). Les bouteilles d'eau verte seront exportées partout dans le monde, jusqu'au Brésil ou en Egypte, après qu'elle ait été médaillée par l'Exposition universelle de 1878. Le succès entraine vite un épuisement de la source d'eau verte, et il semble bien que dès la fin du XIXème siècle, on ait eu recours à la fabrication d'une eau artificielle, la législation permettait alors de la commercialiser malgré tout comme eau « naturelle ». C'est ainsi que la classe le dictionnaire encyclopédique des sciences médicales de 1864-1888.

On ne sait pas où était fabriquée cette eau artificielle, J.P. Locci penche pour une fabrication locale, mais il semble que cela ne soit pas là qu'il faille chercher l'origine de la désaffection de la station thermale, exploitée jusqu'en 1939, puis dévastée durant la dernière guerre mondiale. La ville d'Avignon avait envisagé le rachat de l'hôtel en 1943, sans résultat et il faut attendre 1961, pour qu'il soit transformé, par la société des eaux minérales de Montmirail, en hôtel restaurant accueillant les touristes dans un cadre verdoyant et calme. Ce qu'il est toujours. Jean-Pierre Locci, "Gigondas, de la terre à l'eau purgative" revue "Sauvegarde et Promotion du Patrimoine industriel et commercial en Vaucluse", n° 50-51 2010, 
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Carte géologique
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