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A Saint-Chamas, la colline du
Baou (du provençal baus, prononcé « baou », signifiant aplomb, falaise ou escarpement rocheux) a la particularité de séparer le quartier du Pertuis à l’ouest (côté étang) de celui du Delà à l’est (côté terre). Cette falaise remarquable correspond à des dépôts sédimentaires d’âge Miocène s’échelonnant du Burdigalien supérieur (-17,5 Ma environ) au Serravallien (-10,4 Ma environ).
La base de l’affleurement est constituée de
marnes bleues, ce sont des argilites calcaires micacées de teinte grise formant une couche de 30 mètres (20 m à l’affleurement, plus 10 mètres dans les puits). Dans le langage populaire cette roche est encore appelée « safre » (nom provençal utilisé par les maçons pour désigner une roche argilo-sableuse) ; C’est une roche
imperméable, friable de granulométrie très fine : silteuse (grain compris entre 4 µm et 60 µm) au niveau de laquelle on devine un
litage régulier. Ces marnes bleues seraient corrélées aux marnes bleues de la carrière de Bayanne localisée au nord-ouest de l’étang de l’Olivier. Ces marnes ont fait l’objet d’une étude biostratigraphique (foraminifères planctoniques et nannofossiles + étude paléomagnétique) leur conférant un âge compris entre 16 et 17 Ma. Ces indices permettent d’envisager un milieu de sédimentation calme, relativement profond et plutôt pauvre en dioxygène car dans un environnement anoxique certains minéraux comme le fer se trouvent à l’état réduit ce qui donne une couleur grisâtre à la roche.
Le safre laisse place verticalement à des
sables localement ferrugineux et des
« molasses » calcaires à laminations obliques (le terme de « molasse » vient du latin mola car cette roche a souvent été utilisée pour fabriquer des meules). Ces indices signalent une sédimentation dans un milieu moins profond (dynamique de comblement = progradation), plus tourmenté par les courants et donc plus oxygéné ce qui explique la
teinte roussâtre par endroit car dans ces zones le fer se trouve cette fois à l’état oxydé Fe
3+).
C’est grâce aux propriétés lithologiques du safre et des « molasses » que des
grottes ont pu être creusées au début du XVII
ème siècle. Servant à l’origine de remises, de bergeries, de champignonnières et aussi de moulins à huile, elles seront progressivement transformées en habitats à la fin du XVIII
ème siècle : les fameux
troglodytes de St-Chamas tant appréciés des touristes.
Au sommet de l’affleurement, on trouve la
Molasse Rousse de Saint-Chamas, il s’agit d’une biocalcarénite utilisée à l’époque dans la construction comme l’attestent certains vieux
murs et
encadrements de portes observables dans le village. Les vestiges d’une
carrière à ciel ouvert sont d’ailleurs visibles le long du sentier qui passe par la
table d’orientation de l’
aqueduc de l’horloge. On y retrouve l’aspect en
gradins et les
traces d’exploitation caractéristiques laissées par les outils rudimentaires utilisés à l’époque (escoude).
+++ D’autres « molasses » miocènes (Langhien-Serravallien) étaient exploitées sur la commune de Saint-Chamas sous l’appellation de « pierre de Saint-Chamas ». Il s’agissait d’une molasse coquillière, jaune Nankin, à grains fin ou grossier. Elle a été utilisée pour le
monument aux morts de la ville de Salon. On la rencontre encore dans le village au niveau des murs ou encore dans les encadrements de portes ou de fenêtres.