Histoire
géologique et tectonique de la région
• Les photos prises de satellites ou la carte géologique
de la France permettent d’un seul coup d’œil
de voir 2 grands types de structures dans notre région
:
— d’une part, des structures
plissées de direction E-W (comme l’accident de Roquemaure,
la Montagne de Lure, les Alpilles, le Luberon, la Ste Victoire,
la Nerthe, la Ste Baume…) souvent accompagnées de
failles ou de chevauchements de même direction,
— d’autre part, une série de dépressions
allongées de direction SW-NE correspondant à des
bassins oligocènes (en rose sur la carte, le bassin d’Alès
étant le plus marquant) et des reliefs de même direction.
Ils sont liés à un système de failles SW-NE,
comme la faille des Cévennes et la faille de Nîmes.
• La faille des Cévennes (N 35°)
sépare sur une centaine de km les terrains anciens du sud-est
du Massif Central du domaine essentiellement mésozoïque
des « Garrigues ».
Ce domaine des Garrigues constitue une partie du domaine plissé
pyrénéo-provençal. Les formations d’âge
crétacé à éocène y sont ondulées
selon des plis d’axe E-W . Les assises de l’éocène
inférieur sont parfois affectées d’un fort
pendage ; la phase majeure du plissement peut être datée
du Bartonien. C’est dans la partie nord du domaine que les
plis sont le plus marqués, souvent déversés
vers le N, et les failles E-W (comme celle de Roquemaure) apparaissent
essentiellement localisées sur les flancs N des plis. Leur
jeu principal est contemporain de la phase majeure, vers 40 Ma
environ. Cette phase compressive de direction sensiblement S à
N est liée à la compression pyrénéenne.
Au cours de cette phase la faille des Cévennes a eu un
jeu décrochant sénestre.
• La faille de Nîmes (N 55°),
quant à elle, sépare le domaine stable des Garrigues
du domaine des « Costières » caractérisé
par l’existence de profonds fossés plus ou moins
masqués par les dépôts ultérieurs.
Les forages profonds de la SNPLM ont en effet mis en évidence
un paléofossé très important à l’emplacement
de la partie centrale des Costières, sous laquelle la série
Oligocène-Aquitanien atteint localement 4000 mètres
de puissance (la base de l’Oligocène se trouve presque
à 5000 mètres !). Le jeu normal de la faille a dû
se faire essentiellement durant cette période. Elle a aussi
joué en décrochement. Elle se continue au niveau
du fossé de Pujaut à l’ouest d’Avignon
et se prolonge à l’est du Rhône vers Courthezon,
les « dentelles » de Montmirail (diapir de Lafare-Suzette)
et la montagne de Bluye.
• On est donc en présence de 2 phases tectoniques
radicalement différentes :
— une première phase compressive liée à
l’orogenèse pyrénéenne, de direction
S à N, vers 40 Ma (Bartonien). Cette phase est responsable
des plis et failles qui affectent aussi bien le domaine languedocien
des garrigues (occidental) que le domaine provençal (oriental).
Au cours de cette période le jeu des failles SW-NE (préexistantes)
est essentiellement décrochant,
— une seconde phase distensive d’âge oligocène
et de direction sensiblement NW-SE (perpendiculaire à l’axe
des fossés oligocènes) débute vers 30 Ma
(Stampien) ; elle est liée au rifting continental préalable
au mouvement du bloc corso-sarde (à l’Est duquel
une subduction active provoque l’ouverture d’un bassin
de type arrière-arc). Elle s'est poursuivie jusqu’au
début du miocène en prenant une configuration un
peu différente liée à la rotation du bloc
corso-sarde (mouvement qui s’arrêtera vers 18 Ma).
Au cours de cette phase certaines anciennes failles décrochantes
de direction cévenole ont été réactivées,
avec un jeu normal cette fois (d’où le bassin d’Alès
de direction parallèle à la faille des Cévennes
, N 35°). Dans le domaine provençal ( oriental ) elle
se traduit par l’ouverture de petits bassins, dont le plus
important est le bassin oligocène de Marseille.
• La transgression de la mer miocène, qui débute
à l’Aquitanien (sur la Côte bleue – site
de Sainte Croix), se généralise au Burdigalien –
sites de Villeneuve les Avignon, de Caumont sur Durance, de La
Déboulière et de Cucuron – et s’étend
encore au cours de l’Helvétien. Elle résulte
de l’océanisation du bassin liguro-provençal
consécutive à la migration du bloc corso-sarde.
• Dans le domaine provençal (oriental) succède
à cette phase distensive, après une période
de calme relatif, une troisième phase, compressive, liée
cette fois à la compression alpine, de direction sensiblement
N-S, responsable de plis et chevauchements de direction E-W affectant
notamment les formations miocènes burdigaliennes et helvétiennes.
Ces mouvements post-helvétiens sont nettement visibles
en Vaucluse au nord du Ventoux et au sud du Luberon (Roque-Rousse,
La Déboulière, Cucuron), mais aussi dans le synclinal
d’Apt et dans les Alpilles.
• Tectonique profonde : Les recherches pétrolières
au sud de Nîmes ont mis en évidence par forages les
structures profondes qui accidentent le substratum de la zone
comprise entre les Garrigues et le Rhône (ou le golfe du
Lion). Ces structures sont limitées par une série
de failles normales affectant le substratum ante-miocène,
leur direction générale est SW-NE. La plus occidentale
est la faille de Nîmes qui sépare la zone des Costières
du domaine des Garrigues, relativement stable depuis l’Eocène.
C’est un très grand accident dont on suit la trace
depuis l’extrémité orientale des Pyrénées
jusqu’au massif de Gigondas. Son rejet vertical peut atteindre
localement près de 5000 mètres. Les forages profonds
au niveau du fossé de Pierrefeu montrent qu’elle
s’horizontalise en profondeur au niveau du Trias salifère
qui constitue une couche-savon jouant le rôle de décollement.
Elle joue le rôle de faille de détachement. Les autres
failles reconnues (elles sont souvent masquées par des
sédiments récents) sont à peu près
parallèles à la faille de Nîmes, à
l’exception de celle de Bellegarde qui est de direction
WNW-ESE.
• L’ensemble de ces failles détermine :
A - au Nord de la faille de Bellegarde, de l’Ouest
vers l’Est :
— le fossé de
Pujaut, qui se poursuit au Sud Ouest par celui des Costières.
La bordure NW du graben (faille de Nîmes), au niveau de
Rochefort-du-Gard, est affaissée en petits gradins. Des
forages implantés au centre ont traversé plus de
400 m de Pliocène, et l’un d’eux a atteint
le substratum calcaire crétacé, surmonté
d’Oligocène, à 536 m de profondeur.
— un horst qui fait émerger le substratum calcaire
dans les collines des Angles / Villeneuve-les-Avignon, la Montagnette
et les collines de Beaucaire, il se poursuit en profondeur jusqu’à
Bellegarde ;
— un autre fossé, dit de Tarascon, entre la Montagnette
et la terminaison occidentale des Alpilles. [Au nord de la Durance,
dans le Comtat, on trouve plusieurs structures parallèles
en horsts et fossés]
B - au Sud de la faille de Bellegarde on n’a
plus qu’un seul fossé, mais compliqué de gradins
intermédiaires. C’est la zone de subsidence maximale
: le forage de Pierrefeu, à 3 km au Sud Est de Vauvert,
a rencontré 575 m de Pliocène, 1 165 m de Miocène
(Aquitanien) et 2 980 m d’Oligocène avant de toucher
le substratum calcaire crétacé à 4 920 m
de profondeur.
Vers le Sud Est, au delà du fossé des Costières,
on entre dans la zone de subsidence plio-quaternaire de la Camargue
(delta du Rhône).
A la faveur de la faille de Nîmes le Trias salifère
rencontré à 5 200 m de profondeur au forage des
Angles, avec une puissance supérieure à 400 m) remonte
en diapirs : diapir de Courthezon et diapir de Lafare-Suzette,
ce dernier ayant perforé et rebroussé à la
verticale les terrains sus-jacents (Dentelles de Montmirail).
Documents scientifiques complémentaires
:
• Dérive
du bloc corso-sarde.
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